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Les marges des géants allemands de l’automobile souffrent de leur rivalité

 

 

Un soleil d’automne brille sur le marché allemand de l’automobile. Avec 275 400 unités, les immatriculations de voitures neuves ont augmenté de 3,7 % outre-Rhin en octobre, selon l’agence fédérale de l’automobile KBA. Ce bon résultat confirme la tendance positive qui s’était dégagée en septembre dernier, avec une hausse de 5 % des nouvelles immatriculations, alors que le mois d’août avait marqué le pas.

Depuis le début de l’année, l’Allemagne a enregistré 2,6 millions d’immatriculations de voitures neuves. Selon le président de la fédération de l’automobile allemande, Matthias Wissmann, ces données soulignent la stabilité du marché national, tiré par une demande chinoise et américaine toujours dynamique, tandis que « le potentiel [de développement] reste important pour l’Europe de l’Ouest », précise-t-il dans un communiqué.

Dans le même temps, BMW a publié des résultats qui renforcent quelque peu ces perspectives optimistes : malgré un léger repli de son bénéfice net au troisième trimestre, le numéro un mondial du haut de gamme, a amélioré ses résultats dans toutes ses divisions – auto, moto, services financiers – et affiche un bénéfice d’exploitation en hausse de 17 %, à 2,3 milliards.

Pour autant, l’euphorie n’est pas à l’ordre du jour du côté des experts du marché automobile germanique. « Il ne s’agit que d’un léger répit qui était attendu, dans un environnement toujours très difficile », juge Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive à Bergisch Gladbach. A la fin des années 90, les nouvelles immatriculations frôlaient les 4 millions de véhicules par an en Allemagne. Aujourd’hui, on parviendra sans doute à atteindre les 3 millions. Ces chiffres révèlent à quel point le marché est aujourd’hui saturé.

DES MARGES QUI RECULENT

Un marché qui souffre donc de surcapacités, à l’origine d’une intense concurrence entre les constructeurs. « Producteurs et concessionnaires cherchent à attirer les clients en offrant des rabais qui vont de 20 à 25 % en moyenne selon les marques et les modèles, explique le spécialiste de l’automobile Ferdinand Duddenhöffer. Ces pratiques gonflent artificiellement les ventes et réduisent les marges. La dynamique est faussée, le marché allemand ne va pas si bien que cela. »

Ainsi, selon une étude du Center Automotive Research de l’université de Duisbourg et Essen, les marges réalisées cette année par le trio allemand du premium (Mercedes, BMW, Audi) sur leurs modèles ont nettement reculé par rapport aux années fastes d’après la crise de 2008. En 2011, une Mercedes rapportait ainsi 3 760 euros au groupe de Stuttgart, contre 3 370 aujourd’hui ; une BMW 4 480 euros contre 3 555 cette année, et une Audi 3 054 euros contre 2 949 euros en 2014.

A l’image de BMW qui a vu les ventes de sa X5 exploser de 34 % au troisième trimestre, les ténors allemands du premium sont parvenus à défendre leurs positions en s’engouffrant sur le segment des SUV (modèles utilitaires et sportifs). Mais un ralentissement de la demande outre-Atlantique ou en Chine pourrait annoncer le début de l’hiver. Et le marché allemand, premier en Europe, ne tarderait pas à s’enrhumer.

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